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Découvrez Alexandre Lefebvre : l’apiculteur partenaire de BeeBonds

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Dans ce nouvel épisode de BeeBonds podcast, on vous propose de découvrir Alexandre Lefebvre, l’apiculteur partenaire de BeeBonds fondateur de Ukeepers.

Ce podcast vous présente :

  • Son parcours ;
  • Le déclic qui l’a mené à s’intéresser à l’agriculture urbaine ;
  • L’attention que BeeBonds porte à des projets à finalité citoyenne. 

Dans ce podcast vous apprendrez : 

  • Pourquoi et comment la construction de son toit potager urbain bruxellois est à l’origine de sa formation en apiculture ; 
  • Pourquoi il est important de protéger les abeilles ;
  • Quelle est la particularité d’un miel urbain.

Transcript

Joël

Bienvenue dans le podcast de BeeBonds, la plateforme de crowdlending. Je m’appelle Joël Duysan et je suis le fondateur de BeeBonds. Dans chaque épisode, nous allons vous présenter les personnes qui portent les projets en financement et nous lèveront le voile sur leur vision et leur parcours. Nous aborderons également les thématiques liées au financement d’entreprises et aux stratégies d’investissement pour dynamiser l’épargne citoyenne et la trésorerie des entreprises. Bonne écoute!

Elisa

Bonjour à tous! Pour ce nouvel épisode, nous avons le plaisir d’accueillir l’apiculteur partenaire de BeeBonds. Bonjour Alexandre Lefebvre.

Alexandre

Bonjour.

Elisa

Bienvenue dans ce podcast. Merci d’avoir accepté notre invitation. Tu n’es pas qu’apiculteur, mais aussi et surtout un expert en agriculture urbaine. Tu nous accueille aujourd’hui au cœur de la ferme Maximilien à Bruxelles, plus vieille ferme urbaine de la ville que tu diriges depuis quelque temps, quelques mois?

Alexandre

Depuis le mois de septembre, donc quelques mois.

Elisa

Depuis le mois de septembre. Alors, est ce qu’on peut dire que la mission qui réunit toutes tes casquettes est la suivante développer l’agro écologie urbaine à Bruxelles via des projets sociaux, éducatifs et commerciaux?

Alexandre

On peut tout à fait dire ça. Plus largement, c’est surtout répondre à des défis environnementaux et qui sont très importants, comme l’érosion de la biodiversité, le changement climatique, la pollution mondiale, l’épuisement des ressources naturelles et l’agriculture urbaine. 

C’est ce que je connais le mieux, c’est ce que je sais faire et donc c’est une des réponses que je peux apporter à tous ces défis environnementaux.  C’est évidemment pas la solution miracle. 

Mais j’ai assez bien de connaissances et de savoir-faire là-dedans pour faire en sorte qu’en tout cas, les projets qui veulent répondre à ces défis environnementaux en intégrant l’agriculture urbaine le fassent vraiment bien.

Elisa

Et bien, justement, revenons un peu sur ton parcours. Tu as commencé par des études de bio ingénieur. Raconte nous un peu comment tu es arrivé dans l’agriculture urbaine?

Alexandre

Quand j’ai fait mes études de bio ingénieur. J’ai choisi tous les cours qui n’avaient rien à voir avec l’élevage industriel, la production industrielle de végétaux et donc je me suis orienté vers tous les cours qui étaient liés à la bioéthique, au marketing, au droit lié, au droit rural. Aussi, tout ce qui était lié à l’horticulture et dans tous mes travaux d’étudiant, mon mémoire, etc.

J’ai essayé de développer des projets innovants par rapport à la bio ingénierie et à l’environnement. Et mon travail de fin d’études, je l’ai fait sur un système  aquaponique  donc production de poissons et de plantes, assez particulier parce que l’objectif, c’était plutôt que de produire des poissons et des plantes, c’était d’utiliser le principe de l’aquaponie pour épurer des piscines biologiques. 

Et donc, on voulait intensifier le système de lagunage qui permet d’épurer l’eau avec un projet assez innovant. Et donc, c’est comme ça que je me suis introduit dans le monde des murs végétaux, de la végétalisation des villes et puis de l’agriculture urbaineJe me suis engagé dans différents projets associatifs.

Elisa

Tu es au plus proche des personnes qui souhaitent opérer un changement et s’impliquer dans l’agriculture urbaine, selon toi? Est-ce que la sensibilisation ou l’intérêt porté à l’environnement et sa place en milieu urbain se sont renforcés?

Alexandre

Oui, ça s’est fortement renforcé. Premièrement, parce qu’il y a une prise de conscience que les problèmes dont j’ai parlé au début tout le réchauffement climatique, c’est vraiment là qu’il y a la plus grosse publicité. Mais évidemment que l’érosion de la biodiversité, l’épuisement des ressources, etc. 

La pollution mondiale, c’est des choses qui interpellent. On le voit notamment avec la pollution du plastique dans les océans, etc. Ça commence à vraiment ancrer, fin à rentrer dans les têtes de la population, des entreprises et des collectivités publiques tout en même temps.

Alexandre

Ou avant c’était seulement les personnes assez engagées qui étaient convaincues qu’il y avait un problème. Et depuis que c’est rentré dans les têtes de chacun chacune, il y a aussi cet engouement de vouloir faire quelque chose qui ressort. Et on le voit de façon très claire quand on voit des jeunes qui décident de plus aller à l’école tous les vendredis pour manifester dans la rue. 

Donc ça, c’était juste avant le covid, que voilà ça a traversé, bien plus que les milieux militants. Et donc ces jeunes manifestent. Mais en même temps, les entreprises comme BeeBonds ou comme d’autres s’intéressent aussi à tout ce qui va permettre d’avoir une justice climatique et sociale, comme on dit, mais pas seulement sur le climat, sur plein d’autres choses. L’économie circulaire dans le milieu de la construction, etc. 

C’est des choses qui sont maintenant presque banales alors qu’il y a encore quelques années, c’était juste les OVNI qui faisaient ça. Donc, on voit que ça bouge. Et chez les politiques, ça bouge aussi. Ça devient vraiment des thématiques prioritaires. On a maintenant des personnes qui sont chargées du bien-être animal et climat dans les administrations de chaque commune. Il y a vraiment des signes qui montrent que ça bouge. 

Est-ce que ça bouge assez? Ça, c’est un peu la grosse question que tout le monde me pose. Personnellement, je trouve que pas du tout assez parce que les moyens qui sont mis à disposition pour développer tout ça sont infiniment trop petits par rapport aux moyens qu’on continue de mettre dans des choses qui continuent de détruire tout ce qu’on veut essayer de protéger, restaurer, défendre.

Et donc là, il y a un gros déséquilibre, mais il faut bien commencer par quelque chose. Donc, ce que je dis souvent, c’est que ça ne sert à rien de passer sa vie, à se battre contre des gens qui détruisent des choses. Si à côté, on fait rien pour construire et donc il faut quand même un équilibre entre les deux. Et donc, pour le moment, c’est un équilibre qui est en train d’être trouvé.

Elisa

Comment toi tu construis à ta manière?

Alexandre

Comment je construis ? Bien  partout où je peux aider? La première chose pour moi, c’est la transmission du savoir. Ce que j’aime faire aussi, c’est moi même, pas être juste un conseiller, mais moi-même, agir et faire des choses. Et c’est comme ça que je me suis lancé dans l’apiculture. 

Le but, à la base, c’était développer un potager sur mon toit. Je me suis dit que ça pouvait être intéressant. J’ai obtenu des financements pour ça. J’ai cherché les financements, je les ai obtenus. Avec des voisins, on a installé le potager et je me suis dit que ça pouvait être intéressant d’avoir des abeilles pour que nos plantes soient bien pollinisées. 

Et je me suis entouré de quelqu’un qui avait la passion de l’apiculture, qui a installé les ruches. Et puis, il m’a transmis sa passion et donc maintenant, je développe des potagers un peu partout en ville, des ruches aussi. Et je végétalise différents endroits, même avec du houblon qui après va servir à produire des bières avec des brasseurs locaux.

Et donc, pourquoi je raconte toutes ces histoires. C’est pour dire que je ne fais pas que conseiller des gens comme ferait un architecte ou un académique. Je mets la main à la terre pour vraiment faire changer les choses comme je peux dans une partie de mon temps.

Elisa

On va aussi vulgariser parce que c’est aussi l’objectif pédagogique de ce genre de discussion. Est-ce que tu peux nous parler de la végétalisation? Et ce que c’est et comment est-ce qu’on fait ça?

Alexandre

Donc la végétalisation, c’est un principe qui permet de rendre une ville qui est très minérale comme la plupart des villes un peu plus végétale. Donc qu’est-ce que ça veut dire? Ça veut dire introduire les plantes dans la ville, et ça sous différentes formes. Le plus simple et le plus évident, c’est bien sûr de planter un arbre. On le plante une fois. Et puis ça va pousser pendant des années et des années, ça on végétalise. 

Mais ce n’est pas toujours possible. Et des fois, il n’y a pas suffisamment d’espaces, etc. Donc on peut faire d’autres choses. On peut faire des prairies fleuries comme on a sur le boulevard, l’avenue Franklin-Roosevelt, par exemple. Ils ont transformé une zone engazonnée, c’était déjà une forme de végétalisation, en prairies fleuries pour les pollinisateurs. 

On peut simplement fleurir son balcon. On peut végétaliser une toiture. Maintenant, c’est même une obligation légale toute nouvelle construction doit végétaliser à Bruxelles sa toiture au-dessus de 100 mètres carrés en tout cas, c’est sûr, et même pour certaines rénovations dès que c’est une toiture plate. On peut faire des murs végétaux pleins de formes différentes, soit utiliser des plantes grimpantes, soit utiliser des structures dans laquelle on va pouvoir constituer comme une mosaïque, comme un tableau végétal. 

Évidemment c’est à chaque fois des techniques différentes, des coûts différents, des avantages environnementaux différents. Et enfin, avec l’agriculture urbaine. On peut développer des fermes urbaines comme ici à la ferme du parc Maximilien, où on va planter plein de choses, avoir des animaux etc…

Elisa

Parlez-nous un petit peu de cette ferme où on se situe pour enregistrer ce podcast.

Alexandre

Donc, on se situe dans la ferme du parc Maximilien, qui est la seule ferme urbaine pédagogique en plein cœur de Bruxelles. Toutes les autres fermes pédagogiques sont plutôt en périphérie et on est aussi une des plus anciennes fermes urbaines d’Europe, voire du monde. 

Parce que depuis que l’agriculture a quitté les villes, grâce au fait que on a eu des voies de circulation plus pratiques, les avions, les bateaux, les trains, les autoroutes et aussi que le pétrole a permis à bon marché de pouvoir acheminer toutes ces denrées alimentaires dans les villes, mais aussi de les refroidir, de les stocker, etc.

Dans la plupart des villes des pays occidentaux, l’agriculture est partie et la ferme du parc Maximilien, sans le savoir, a eu une idée que maintenant, toutes les villes ont c’est-à-dire rapprocher l’agriculture de la ville pour reconnecter les citoyens à la terre. 

Et à la base, la ferme du parc Maximilien, c’était surtout pour les animaux de la ferme, les Bruxellois n’avaient plus aucun contact avec les animaux de la ferme. Il y avait un terrain ici qui était un ancien héliport et une station essence qui a été transformé en un endroit assez hors du temps, atypique de ferme avec des vieux bâtiments de ferme, etc.

Mais qui ont été construits dans les années 80. Les vieux bâtiments de ferme, donc c’est des vieux bâtiments récents et au fur et à mesure la ville s’est densifiée tout autour. Et donc, on se retrouve avec une ferme urbaine de 1 hectare en plein milieu de la ville, entre la place Sainte-Catherine, la gare du Nord et Tour&Taxis. 

Donc, on a des publics très différents, des entreprises, des touristes, des habitants de logements sociaux, des administrations bruxelloises, etc. Tout autour de nous. Et c’est ça qui fait un peu la richesse et la particularité du projet qui est un peu unique au monde par son ancienneté et par sa localisation.

Elisa

Il y a encore le temps pour les abeilles ?

Alexandre

Et il y a aussi des abeilles ici directement et du temps pour m’occuper moi-même des abeilles. L’avantage de l’apiculture, c’est que c’est saisonnier. Donc pendant toute la période hivernale, on laisse les abeilles tranquilles. Et alors, une fois que la période pour l’apiculture commence, on dérange les abeilles le moins possible. On regarde si elles ont suffisamment de place. On ajoute de la place quand il en faut et on récolte le miel quand la production est suffisamment grande.

Et ça, ça demande relativement peu de temps. On passe par semaine, une fois tous les dix jours, voir les ruches, donc j’ai un peu d’aide évidemment pour ça, parce que sinon je pourrais pas m’occuper de tout ça tout seul. Et donc, heureusement, j’ai un partenaire qui travaille avec moi.

Justement, on va en parler en 2016. Tu a fondé un projet, U Keepers, avec un associé qui oeuvre pour le développement d’une apiculture bruxelloise respectueuse des abeilles et de l’environnement.

Elisa

Alors, le cœur de votre activité, c’est l’économie circulaire, l’alimentation locale et le durable, mais aussi la sensibilisation à la protection de l’environnement. Parlez-nous de ton rapport aux abeilles et l’apiculture.

Alexandre

Donc, comme je l’ai expliqué, la première raison qui m’a mené à l’apiculture, c’était pour aider un potager sur un toit où je me suis dit qu’il n’y aura pas suffisamment de pollinisation. Donc je me suis dit je vais renforcer le nombre d’abeilles dans mon quartier pour polliniser mon potager sur toit.

Elisa

Ça, c’était en quelle année ?

Alexandre

Ça c’était en 2016. Et donc, on a fait ça. Ça a très bien fonctionné. On a produit plein de courgettes, c’était super et on a produit beaucoup plus de miel que nécessaire pour nourrir les habitants de l’immeuble, donc 119 appartements. On a produit beaucoup plus de miel que ce que les habitants consomment. Donc, on a commencé à fournir les petits magasins du coin, les petits restaurants, etc. 

Et puis, je me suis rendu compte que non seulement on avait une quantité qui était largement supérieure aux besoins, mais en plus, on avait une qualité qui était largement supérieure à ce qu’on peut trouver, même sur les petits marchés et certainement dans les supermarchés.

Elisa

Et comment tu expliques ça ?

Alexandre

Ça s’explique après coup, je le comprends, mais c’est à dire que le miel, c’est un des produits alimentaires les plus contrefaits du monde. Donc, on peut estimer qu‘un tiers à deux tiers du miel est en fait du faux miel. Donc en Chine et ailleurs, on arrive à produire du miel à base de différents assemblages, de différents sucres, avec un tout petit peu de pollen, un tout petit peu d’arômes, un tout petit peu de vrai miel. On arrive à reproduire un miel presque à l’identique et seules quelques analyses un petit peu coûteuses en laboratoire permettent de déceler que c’est du faux-miel.

Par contre, ce qui permet de déceler aussi, c’est le goût. On sent la différence tout de suite. Pourquoi, du coup, à Bruxelles, on a un meilleur miel ? C’est que déjà quand on connaît l’apiculteur qui produit le miel, à moins que ce soit vraiment un gros charlatan. Il y a peu de chance qu’il ait acheté du miel chinois pour vous le refourguer. Ça, c’est à ma connaissance, ça n’existe pas à Bruxelles. Je ne connais personne qui fait ça.

Mais par contre, dans les marchés internationaux, évidemment, c’est très courant, c’est même presque la norme. Donc, ça c’est une chose. Déjà, la sécurité, ça, c’est le principe du circuit court. Dès qu’on est en circuit court, on a beaucoup plus de garanties sur la qualité de ce qu’on consomme. Et l’autre chose, c’est qu’à Bruxelles, on a une ville qui est paradoxalement très verte grâce à la forêt de Soignes, à différents espaces verts, aux intérieurs d’îlots.

On est une ville, une capitale européenne assez importante, avec quand même beaucoup de maisons qui ont aussi des jardins, alors que dans d’autres grandes villes comme Madrid ou New York ou Hong Kong, c’est que des appartements. Donc, il y a peu de place pour la végétalisation et ce qui fait qu’on a des fleurs et des plantes, des arbres très nombreux avec des variétés très différentes. Et du coup, ça fait une ressource en nourriture qui est fort étalée sur toute l’année et qui est très riche.

Et donc, on peut avoir un miel proche du palais royal qui va avoir un goût complètement différent qu’un miel de la place Stéphanie ou un miel des casernes d’Ixelles ou un miel ici de la ferme du parc Maximilien. 

Donc, on a une richesse en termes de diversité de miel qui est liée à la diversité des fleurs. Et aussi, ces fleurs vont être disponibles tout le temps alors qu’à la campagne. Si vous avez un énorme champ de tournesols, super pour les abeilles. Mais le jour où l’agriculteur va passer pour récolter son tournesol, il n’y a plus rien sur des hectares et des hectares. Ça devient un désert écologique. 

Une autre fleur qui peut être géniale, c’est le thym ou la lavande dans le miel c’est assez recherché. Mais là, c’est la même chose à partir du moment où ces champs vont être complètement récoltés ou simplement ils ne sont pas récoltés. Mais la floraison va s’arrêter. On va se retrouver avec des énormes espaces, des énormes champs où il y a plus de ressources en nourriture pour les abeilles et donc ces monocultures comme on appelle elles sont négatives pour l’environnement de manière générale, et pour l’apiculture, ça, c’est sûr en particulier.

En plus, de ça s’ajoute le fait qu’à Bruxelles, on a une interdiction de l’utilisation des pesticides dans beaucoup de communes. Maintenant, je pense que toutes les communes. Mais ça s’est fait au fur et à mesure et donc on a un impact sur le miel. En termes de toxiques, d’éléments toxiques qu’on peut retrouver dans le miel, qui est vraiment plus faible. Et ça a été mesuré par différentes études qui ont été menées, sur mon miel et sur d’autres miels en Wallonie, de l’ULB qui ont démontré que c’était une vérité. 

Donc, paradoxalement, la pollution qu’on a en ville a un impact qui est plus faible que la pollution qui est à la campagne. Et ça, ça se comprend quand on l’explique, c’est à dire que les abeilles vont chercher leurs ressources en nourriture, donc le pollen et le nectar sur les fleurs. Et si ces fleurs sont pulvérisées chaque année et plusieurs fois par an, forcément, ça va se retrouver dans le miel.

Par contre, les voitures qui circulent en ville, etc. N’ont pas un impact direct sur les fleurs. Elles vont produire du CO2 et tout un tas de choses qui sont mauvaises par rapport au réchauffement climatique, aux voies respiratoires des hommes, provoquer des cancers, etc. Par rapport au système respiratoire humain. 

Mais les abeilles ou les fleurs de la ville, elles, ne sont pas ou peu impactées par cette pollution. On en retrouve un petit peu dans le pollen. Donc, moi je ne commercialise pas de pollen produit en ville, même si on pourrait, mais on en retrouve un petit peu donc je ne le fais pas. Et du coup, dans le miel, on retrouve vraiment très peu de polluants dans le milieu urbain.

Elisa

Comment est-ce que tu as appris ton métier d’apiculteur ?  Sur ton potager?

Alexandre

Et bien, je l’ai appris en contact de mon partenaire qui s’appelle Pavel, de son nom de famille et qui fait de l’apiculture en Roumanie depuis trois générations. Et il faut savoir qu’en Roumanie, l’apiculture, c’est comme la brasserie ou la chocolaterie en Belgique. C’est quelque chose qui est vraiment très réputé et qui a un savoir-faire qui se transmet de génération en génération, qui ne s’apprend pas dans les écoles. 

Il y a des écoles d’apiculture, bien sûr, mais là, on apprend les bases théoriques comme chez nous il y a des écoles pour apprendre à brasser. Ça ne fait pas de quelqu’un un bon brasseur. Il faut vraiment être en contact avec des personnes qui ont ce savoir pour l’apprendre. 

Et donc, moi, je n’ai pas fait d’école d’agriculture. J’ai fait de l’école de Gembloux, donc des écoles d’agronomie générales, donc j’ai toutes les connaissances sur les insectes, les plantes, mais vraiment la technicité comment faire un bon miel, comment bien l’entretenir, prendre soin des abeilles. C’est Pavel qui me l’a appris.

Elisa

Et qu’est-ce que vous faites avec Ukeepers ?

Alexandre

Ce que l’on fait principalement, c’est prendre soin de nos abeilles pour produire un miel pour notre famille. Et puis après, j’ai dit pour des petits commerces, des restaurants, etc. Quand on a vu que ça fonctionnait bien, qu’on avait beaucoup de demandes. On s’est développé grâce à un appel à projets qui s’appelle See U. Donc c’est un projet d’occupation temporaire des casernes d’Ixelles, où on a eu la chance d’avoir un local pour développer notre activité donc notre mielerie et aussi d’installer plus de ruches sur la toiture du See U.

Donc on a une dizaine de ruches sur le toit des casernes d’Ixelles ancienne caserne de gendarmerie. Et donc sur base de cette production on a pu commencer à vraiment cibler des clients, être en contact avec des clients comme à être en contact avec des clients comme Brussels Beer Project et autres qui ont des besoins en quantité qui sont un peu plus importantes et développer des chouettes projets. Des bières au miel, du chocolat au miel, des restaurants gastronomiques qui utilisent notre miel de choses comme ça.

On a vu que ça fonctionnait bien. On a été en contact avec différentes entreprises qui souhaitent installer des ruches chez elles pour être formées à ça. Et c’est comme ça qu’on s’est retrouvé à d’abord entretenir des ruches qui existaient déjà dans nos entreprises. Et puis à proposer d’installer des ruches en entreprise ou que des entreprises parrainent des ruches chez nous et qu’on organise tout un tas d’activités en lien avec ça. Et c’est ce qu’on fait avec BeeBonds, par exemple.

Elisa

Justement, c’est une parfaite transition pour parler de BeeBonds. Merci.

Tarik

Bonjour Alexandre, tu es l’apiculteur de BeeBonds, BeeBonds qui est une plateforme de financement participatif et dont la vocation est de créer un circuit court du financement et donc ça veut dire quoi concrètement? Mettre directement en rapport des investisseurs, petits ou grands, donc à partir de 1000 euros, et les mettre directement en rapport avec les porteurs de projet pour les aider à financer des projets qui sont proposés sur la plateforme? Donc, ça, c’est la dimension circuit-court du financement.

Mais on comprend que toi, tu es dans un autre circuit court qui est celui de l’agriculture, de la protection de la biodiversité. Donc, il y a un lien entre ces deux institutions qui est au cœur de l’identité même de BeeBonds qui est l’abeille. 

Et ça se traduit par un sponsoring ou en tout cas un soutien financier qui pour chaque campagne réalisée sur la plateforme une ruche est supportée donc Ukeepers et donc toi-même. 

Est-ce que l’on pourrait pour les gens qui nous écoutent un peu expliquer l’équilibre ou l’économie de ce projet. Comment tu prends le soutien, comment tu finances l’aménagement de ses ruches. Quel produit tu extrais, de valeurs aussi?

Alexandre

Oui, mais il faut savoir que dans tout projet agricole, la production alimentaire, surtout quand c’est à petite échelle, ça a une très faible rentabilité parce que c’est lié aussi au fait que le budget des ménages pour l’alimentation, la proportion du budget des ménages pour l’alimentation a fortement diminué ces dernières années. Ces dernières décennies, on va dire même. 

Et du coup, on achète beaucoup d’aliments à l’étranger, etc. À des prix très bas et donc même les produits artisanaux comme le miel produit localement. Au final, se vend à un prix qui ne permet pas à lui seul de rémunérer un petit apiculteur qui a quelques dizaines de ruches. 

Tarik

Et ce, malgré le fait que ce miel, ce bon miel, je vais dire est nettement plus cher que celui qu’on trouve dans les supermarchés et qui est parfois souvent, pas du miel d’ailleurs.

Alexandre

Oui, j’essaye de faire en sorte qu’il ne soit pas trop nettement plus cher. Il est quand même concurrentiel, donc on est obligé, d’une certaine manière, de s’aligner avec certains prix et notamment avec le fait que l’apiculture en Belgique et dans pas mal de pays occidentaux, est pas mal occupée par des personnes qui ont par ailleurs un métier de médecin, avocat ou autre et qui font l’apiculture par passion plus que pour financer quelque chose. Et donc, en fait, ils vendent leur miel à un prix qui leur permet d’écouler assez facilement et de financer leur hobby.

Tarik

Donc, le soutien des entreprises, comme BeeBonds en l’occurrence, ça permet aussi alors de diminuer le coût initial de l’aménagement de la ruche.

Alexandre

Oui. Dans mon projet, comment ça fonctionne? BeeBonds va me permettre de financer une nouvelle colonie et il faut savoir que dans une ruche, on a une seule colonie d’abeilles avec une reine. Et puis les ouvrières et les mâles, et donc une colonie d’abeilles en fonction de comment on va gérer la ruche des impacts du climat, des pollutions, des espèces invasives comme le frelon asiatique ou le varoa, etc. On peut avoir une mortalité de la colonie après un an, deux ans, trois ans maximum, quatre ans.

Alexandre

Si on gère bien, on peut produire de nouvelles reines et prolonger un peu la durée de notre colonie. Donc, régulièrement, il n y a quand même un besoin de remplacer les colonies et aussi de garantir une certaine qualité génétique. Et donc, nous, on ne fait pas d’insémination artificielle des reines. Chez nous, on peut encore en tout cas, et donc on doit acheter ça à quelqu’un qui a le savoir-faire. Et ça coûte quand même assez cher.

Tarik

Et donc, tu nous en a parlé lors de l’inauguration qui a eu lieu il y a quelques jours. Donc, on a apparemment un expert de renommée internationale en Belgique du côté de Ferrières.

Alexandre

Donc un peu plus loin que Liège, à Ferrières, il y a une personne assez âgée qui s’appelle José Artus et qui a déjà énormément partagé d’informations développer des choses dans le domaine de l’apiculture. Et il arrive à développer. Une génétique assez unique d’abeilles. Lui, il est spécialisé dans la variété buckfast, mais il développe cette variété très localement ici en Belgique, depuis plus de 20 ans.

Et donc, c’est une abeille qui est vraiment adaptée au climat belge et qui a des caractères de douceur, de productivité, de résistance aux maladies et qui sont assez impressionnants. Et donc, c’est pour ça qu’on travaille étroitement en partenariat avec lui et qu’on prend tous ces conseils aussi. Donc, quand on disait que j’ai appris en fait en partenariat avec un apiculteur d’origine roumaine qui a beaucoup d’expérience, mais j’apprends aussi en partenariat avec un apiculteur plus âgé belge, qui a énormément d’expérience et qui peut me partager d’autres choses plus théoriques sur l’apiculture.

Tarik

Donc ça, c’est le sourcing. Vous achetez des bonnes abeilles. Vous avez un partenariat, un sponsoring, par exemple d’entreprise, pour pouvoir acheter ces abeilles?

Alexandre

Oui.

Tarik

Après, il faut trouver un lieu, est-ce que tu peux nous dire comment tu trouves ce lieu et comment tu tombes d’accord pour pouvoir exploiter ce lieu avec des exemples.

Alexandre

Oui, il y a différents exemples. C’est un peu comme ça pour n’importe quel projet d’agriculture urbaine. Soit on va se comporter comme si on prend le parallèle avec quelqu’un qui cherche un logement comme un locataire. On cherche un endroit où on va pouvoir, contre rémunération, avoir un petit espace. On peut faire ça. Donc ça, c’est possible. On va avoir quelqu’un. On lui dit voilà ce que je peux occuper ton terrain. Combien ça coûte? Ou combien de pots de miel, je fois te donner en échange?

Donc ça, c’est possible. Donc on fonctionne un peu comme ça pour les Terres d’Ici. Donc, on entretient leur ruche et on fournit du miel en échange du terrain qu’on peut utiliser. Soit on peut fonctionner avec des appels à projets comme See U, donc c’est un lieu d’occupation temporaire. Là, on paye simplement les charges de notre local, mais on ne doit rien payer d’autre. On n’a pas de loyer à payer, etc. Mais on vient avec un projet qui intéresse le collectif.

Ça, c’est une solution. Et puis, la dernière solution, c’est on est carrément payé pour venir installer les ruches dans un endroit. Ça, c’est le cas par exemple, pour l’hôpital du CHIREC, où on propose tout un service d’accompagnement, d’entretien, de formation et on fournit du miel qui est garanti chaque année. Et ça, ça permet évidemment de rentabiliser notre activité. Plus que la vente du miel, où j’expliquais que la marge sur un pot de miel, c’est quand même relativement petit, même si on vend notre miel un peu plus cher que du miel de grande surface ou le miel d’un amateur.

On a aussi comparé à un amateur tout un tas de frais, de TVA, etc. Des choses à payer qui font que la rentabilité est difficile à obtenir pour payer des heures et des heures de travail.

Tarik

Donc, on a compris, c’est une activité qui est avant tout dirigée par une forme d’idéal ou de conviction, et pas uniquement de rentabilité et de profits. 

Alexandre

Tout à fait. Il y a aucune volonté de maximiser le profit dans le projet U-keepers. Il n’y a pas de possibilité non plus, ça n’aurait pas de sens d’installer 1200 ruches dans Bruxelles UKeepers. Là, il y aurait une trop grosse pression sur l’environnement. Ce n’est pas le but. Et aussi, le but n’est pas de tirer profit de l’image de l’abeille pour gagner un maximum sa vie, c’est plutôt d’installer des ruches là où ça nous paraît pertinent et de produire un élément de qualité qui, autrement, devrait être importé de très loin et de très mauvaise qualité.

Tarik

Alexandre, merci beaucoup. On te dit rendez-vous l’année prochaine, avec l’inauguration des ruches de la prochaine saison. Merci beaucoup de nous avoir accueilli ici à la ferme Maximilien et pour tout le travail que tu fais au quotidien pour améliorer notre environnement. Merci à toi et à ton équipe.

Alexandre

Aurevoir.

Tarik

Aurevoir Alex.

Elisa

Merci d’avoir écouté ce podcast, rendez-vous sur la plateforme Beebonds.com pour créer gratuitement votre compte investisseur. BeeBonds vous permet d’investir directement dans les entreprises via des émissions obligataires, sans frais d’intermédiaires. Vous pouvez obtenir un rendement d’intérêt annuel brut moyen de 7,7 %. Les obligations offertes constituent des instruments de dette. Faire un prêt à des PME vous expose à la perte totale ou partielle de votre investissement. Pour les personnes physiques résidentes fiscales belges, les intérêts perçus sont soumis à un précompte mobilier libératoire de 30%.

Elisa

Avant d’investir, veuillez lire la note d’information relative au projet. Enfin, pour chaque campagne, BeeBonds sponsorise une ruche pour soutenir la biodiversité.